Une naissance bien réussie

En 1975, le nouveau CÉGEP de Hull, quittant le boulevard Alexandre-Taché, emménagea dans l’immense édifice du boulevard de la Cité-des-Jeunes, dans le secteur Hull de Gatineau. Bâti dans le style moderne propre à l’époque, le bâtiment s’étalait sur plusieurs acres de terrain et était considéré par certains comme impersonnel en raison de ses grands pans de mur en béton brut.

À l’arrivée dans ces locaux, le CEGEP disposait d’espace suffisant pour offrir de nouveaux programmes et le directeur du service de l’Éducation des adultes,Jean-Robert Vaillancourt, invita son personnel à présenter des projets innovateurs.

Rejoignant l’équipe du GEGEP en 1974, Pierre Schnobb devint responsable entre autres dossiers, du volet Service à la collectivité et aux aînés de l’Éducation aux adultes. Il voulut profiter du moment opportun pour développer un nouveau programme qui rejoindrait plusieurs groupes de la clientèle adulte.

Edmond Jolicoeur et un étudant en cartographie.

Divers éléments ont nourri sa réflexion. Il flottait chez des adultes et aînés de l’époque un désir de protection des traditions, certains adoptaient un régime de vie granola où prônaient un retour à la nature. Sur ces entrefaites, Gérard Tessier,un taxidermiste, se présenta dans l’espoir de donner des cours dans le nouveau GEGEP et parla que l’un de ses amis, Edmond Jolicœur , était un passionné de la forêt ainsi que la flore et de la faune et il connaissait la technique de construction de bâtiments en bois rond. Une rencontre et plusieurs conversations avec cet ancien coureur des bois firent germer un projet audacieux dans la tête de Pierre qui imagina un grand bâtiment en bois rond, construction de type traditionnel, accueillant ses clientèles variées.

L’idée de bâtir une cabane en bois rond sur les terrains du GEGEP fut ainsi soumise comme élément rassembleur d’un programme Retour à la nature qui traiterait de jardinage, d’apiculture et de diverses autres disciplines liées au monde de la nature. L’acceptation de Bernard Bélanger, directeur général du CEGEP, fut rapidement confirmée le 1eavril 1975. Dépassant les espérances, l’entente prévoyait même que la cabane en question serait alimentée en électricité – sauf le chauffage – par les systèmes du GEGEP.

Permission de construire la Cabane, signée par Bernard Bélanger.

M. Schnobb fit équipe avec ses collègues René Thibaudeau, Bernard Bélanger et Jean-Robert Vaillancourt pour concevoir un lieu qui soit accueillant aux yeux des adultes du 3e âge, après avoir fait le constat que l’architecture et l’étalement de l’espace du vaste GEGEP ne leur plaisaient pas particulièrement. La joyeuse bande sut mener le projet à terme en moins de neuf mois, l’ouverture ayant lieu deux semaines avant Noël 1975.

René Thibaudeau au moulin Legros à Masham

Pierre Schnobb et Bernard Bélanger, ex-directeur général du CEGEP.

Jean-Robert Vaillancourt et Monseigneur Marcel Wolfe

Jean-Robert Vaillancourt risque sa vie.

Excavation

Comme l’initiative profiterait au CEGEP, une subvention du Service de soutien au développement pédagogique du ministère de l’Éducation fut versée, permettant d’entreprendre les travaux et de couler la fondation (6) de ce qu’on appelle aujourd’hui « la  première Cabane ». Cette subvention n’était cependant pas suffisante. Il fallut trouver d’autres fonds et d’autres matériaux de construction. Les fondations et l’excavation se firent au prix coutant par un ami de Pierre Schnobb et d’Edmond Jolicoeur. Cet ami était Hans Kruger, président de Kruger Homes dans le magnifique Parc Champlain.

La Compagnie internationale de papier (CIP), propriétaire du bois flotté sur la rivière à partir des chantiers de coupe jusqu’à l’usine de Gatineau, consentit à donner du bois, à condition que les futurs bâtisseurs aillent eux-mêmes le chercher sur la rivière et en remettent un décompte quotidien à la compagnie.

Des bénévoles accompagnèrent M. Schnobb pendant la période de drave pour choisir des billots, les glisser sous l’estacade pour les ramener à la rive où une jument Gâtée prêtée par une amie de Masham les trainerait jusqu’au camion.

Les amis du CEGEP se préparent à sortir les billots.

Gâtée se prépare à travailler.

Alexandre et jument Gâtée mai 1975

Le 5 mai 1975, à 18 h 30, le premier billot sortait de l’eau, c’est précisé dans le calepin de décompte. Ce billot sera suivi de quelques centaines qui formeront les murs de la Cabane.

etit cahier-contrôle des présences sur le chantier en mai 1975.

etit cahier-contrôle des présences sur le chantier en mai 1975.

Cahier-contrôle de la dimension et du nombre de billots

Cahier-contrôle de la dimension et du nombre de billots

Cette opération de récupération n’était que la première phase du travail. Une fois chargés sur des camions, les billots étaient emportés gratuitement par Donald Laurin, développeur forestier de Masham ,au moulin Henri Legros aussi à Masham, afin de les facer, c’est-à-dire de les aplanir sur deux côtés. Par la suite, les billots étaient amenés sur le terrain de la Cabane et on entreprenait l’érection. Toutes les opérations impliquant les amis de Masham furent coordonnées par une autre amie, Carmen Gosselin-Sincennes, professeur en techniques infirmières et résidente de Masham. Il y a lieu ici de mentionner que les ancêtres paternels de Pierre Schnobb sont les familles Schnobb et Vaillant, familles enracinées depuis longtemps à Masham. Il est le petit-fils d’Israel Schnobb et d’Angèle Vaillant.

M.Henri Legros, Pierre Schnobb et Jean Aubry au moulin.

Monsieur Henri Legros en train de huiler un moteur.

Cabane en construction sur le campus du CEGEP.

Pierre Schnobb et René Martineau.

En plus des billots, il fallait des planches, des portes et des fenêtres. Encore une fois, les amis sont mis à contribution. Comme cette cabane servirait au programme pour les aînés, le CEGEP accepta de financer la planche pour le toit mais le bois du plancher a été un don de la compagnie Maclaren de Masson-Thurso. Lorenzo Martineau, marchand de Masham et père de René (13), ami de Pierre Schnobb et futur régistraire du GEGEP, offrit pour sa part des portes et fenêtres au prix coûtant. René Martineau devint par le suite directeur-général du Collège Saint-Alexandre de Limbour.

Le travail manuel allait bon train. Pour lever l’imposante poutre centrale, on profita de la présence au CEGEP  d’un groupe de 15 judokas qui mirent leurs muscles à l’épreuve avec plaisir.  Des employés des ateliers du collège et des étudiants en athlétisme ont parfois participé aux travaux. Un jour, Pierre Schnobb fut grondé pour avoir invité le personnel du cégep à consacrer la journée pédagogique du 5 juin 1975 au travail bénévole sur le chantier. La petite semonce du lendemain ne le perturba pas outre-mesure, il était content, le travail planifié avait été accompli.

Pendant la construction, le programme Retour à la nature du cégep allait de l’avant avec la mise en place de jardins communautaires près de la Cabane. Le terrain avait été labouré, il restait à l’engraisser. La construction de l’aéroport de Gatineau par le gouvernement du Québec allait permettre d’obtenir gratuitement le fumier nécessaire, grâce à la complicité d’Antoine Grégoire, patron de la SAO, Pierre Schnobb fut autorisé non seulement à recueillir du fumier, mais aussi à prendre du bois de grange provenant des fermes expropriées. La terre des jardinets fut donc enrichie et le bois vieilli vint recouvrir les murs du sous-sol de la petite Cabane où il trône encore.

Le CEGEP ayant autorisé l’utilisation du pouvoir électrique venant de l’édifice principal ne solutionnait en rien l’approvisionnement en eau en en déversement des eaux usées. Dominique Déry alors vice-président de la compagnie Fédex et ami de Pierre Schnobb, offre gratuitement le  matériel et l’équipement lourd pour l’installation des services d’aqueduc et d’égout. De plus, il nous transporta gratuitement la belle pierre qui a servi à construire l’impressionnant foyer de la cabane et la couverture des fondations. Ces pierres viennent de l’excavation rendue nécessaire au moment de la construction du complexe place du Portage.

Dominique Déry, Pierre Schnobb et le tableau-hommage

Pierre Schnobb et Dominique Déry.

Pierre Schnobb et Jean-Robert Vaillancourt.

Cabane complétée au printemps 1976.

Toute l’histoire de la naissance de la première Cabane est ainsi parsemée de collaborations spontanées. Les amis des amis furent mis à contribution pour accompagner les bâtisseurs et, souvent, fournir gratuitement de précieux conseils ou services techniques.

Lancé le 1e avril 1975, le projet fut mené à terme deux semaines avant Noël 1975. Yvon Thibodeau, professeur au cégep, fut autorisé à utiliser les locaux pour un spectacle de Noël de son populaire chœur La génération qui chante. Radio-Canada enregistra l’événement. Pour rendre l’ambiance plus romantique, quelqu’un alluma un feu dans le foyer. Mais le mortier était en réalité encore trop frais et les auditeurs entendirent le bruit de pierres qui craquaient sous l’effet de la chaleur.

Il faut noter que durant la construction, plusieurs aînés se rendaient sur le terrain pour suivre la progression des travaux. Ils étaient parfois invités à se joindre à la main-d’œuvre, mais peu ont répondu à l’appel. Ils seront plus actifs peu après, quand viendra le temps d’animer la vie de cette chère Cabane.

Partenaires

Les trois gestionnaires du Service de l’Éducation aux adultes du Collège de l’Outaouais.

  • Jean-Robert Vaillancourt, directeur
  •  René Thibaudeau, conseiller pédagogique
  •   Pierre Schnobb, conseiller pédagogique

La direction du Collège.

  • Bernard Bélanger, directeur-général.

Participation des compagnies et organismes :

  • Equipe d’aide au développement du Ministère de l’Éducation du Québec
  • F.E.D.E.X.
  • C.I.P.
  • McLaren
  • Kroeger Homes
  • Lorenzo Martineau Portes et Fenêtres, Masham.
  • Les Cèdres Papineau
  • Enco Supply
  • Union Electrique
  • Société gazifère de Hull
  • Pilon Ltée (Pal).
  • J.P.G. Quicaillerie, Masham

Participation ponctuelle et occasionnelle de différentes composantes du Collège de l’Outaouais :

  • Les étudiants en électro-dynamique
  • Les étudiant de l’enseignement coopératif
  • Le département d’éducation physique
  • Les services aux étudiants
  • Les employés de l’atelier
  • Le département de cartographie
  • Les participants de la grande corvée pédagogique du 5 juin 1975
  • La participation du groupe d’une quinzaine de judokas pour l’immense poutre centrale
  • Le personnel du Collège

Les personnes, compagnies et organismes dont les noms apparaissent au tableau d’honneur affiché au mur de la première Cabane.

La corporation des ainés de la cabane (1975)

Ses présidents-tes :

  • Antoinette Lamoureux
  • Paul Cléroux
  • Robert Gaudreault
  • Lucien Lafleur
  • Jacques Lavigne

Ses réalisations physiques

  • Jardins communautaires
  • Golf miniature
  • Terrain pour pétanque
  • Terrain pour jeu de croquet

Ses réalisations au niveau des activités

  • Danses du dimanche
  • Parties de cartes du dimanche
  • Souper du vendredi soir

Gamme de cours :

Jardinage, apiculture, danse, golf , etc…

L’académie de gérontologie

Belles années de partenariat

Le Collège de l’Outaouais est devenu partenaire de premier plan auprès de l’Académie de gérontologie au fur et à mesure que le Service à la collectivité de l’Université du Québec à Hull a été appelé à diminuer son support.

De par sa mission même, l’Académie s’apparentait bien au mandat élargi que le Service de l’Éducation aux Adultes s’était donné auprès de la collectivité.

C’est ainsi que débuta une longue association qui profita aux deux organismes et surtout à l’ensemble de la population des aînés. Le Collège a alors transféré la responsabilité de la formation de ses aînés à l’Académie qui était maintenant assurée de revenus lui permettant de se doter d’une équipe de permanents.

Cette collaboration à laquelle participait aussi de façon importante l’Université du Québec à Hull au niveau des locaux et de prêts de service a donné des ailes à l’Académie qui a connu par la suite des belles années de croissance.

Recherche d’une plus grande autonomie

Les administrateurs de l’Académie se rendirent compte graduellement que la survie de l’organisme dépendait trop des humeurs de ses principaux partenaires. Ils décidèrent donc de mettre sur pied une fondation qui verrait à la survie des organismes voués au bien-être des aînés de l’Outaouais et d’une façon particulière à la survie de l’Académie.

C’est donc dans le sillon des préoccupations et des besoins spécifiques de l’Académie que la Fondation pour les aînés de l’Outaouais a vu le jour.

La disponibilité des locaux au Collège ainsi qu’à l’Université diminuait à chaque session de cours. Il était évident qu’il importait de régler ce problème à court terme. Les administrateur de l’Académie eurent la sagesse de mettre de côté une somme de 25000$ (1) trouver une solution permanente aux éternels problèmes de locaux. C’est grâce à cette initiative que les gestionnaires du Service de l’Éducation au Adultes ont convaincu les autorités du Collège de l’Outaouais et de la caisse populaire St-Joseph de mettre respectivement de côté une somme de 50000$ (2) et de 25000$ (3) mêmes fins.